Luis de Molina (1535-1600) est l’un des plus célèbres
jésuites espagnols du XVIe siècle, appartenant à la dite « École de Salamanque
». Alors qu’il est aujourd’hui connu des théologiens, surtout pour la question
de l’exercice du libre arbitre en relation avec la prédétermination de la
volonté divine, tout comme des économistes, pour sa théorie de la valeur
subjective du prix, Luis de Molina reste encore largement méconnu chez les
juristes.
Cette journée d’étude se concentrera sur le
deuxième traité de son
De iustitia et iure, publié en 1593 et dans lequel Molina
s’intéresse à la justice commutative des biens, c’est-à-dire à la légitimité du
commerce, offrant par-là une analyse théologico-juridique détaillée
des pratiques commerciales menées par les marchants portugais et espagnols dans
la seconde moitié du XVIe siècle. L’une de ces pratiques était l’acquisition et
la vente d’esclaves. Est-il juste, demande Molina, que les marchands
portugais aillent en Afrique pour y acheter des esclaves et
ensuite les revendre aux marchands
espagnols ? Sur la base de quels titres et dans quelles
conditions ces échanges peuvent-ils avoir lieu
?
Les longs développements élaborés par Luis de Molina pour
répondre à ces questions auront une influence décisive ; les théologiens et
juristes qui lui succéderont ne feront que reprendre et synthétiser ses
réflexions, renforçant la légitimité de l’esclavage et les modalités dans
lesquelles était réalisée la traite africaine.
Les participant.e.s à cette journée d’étude proviennent
de champs disciplinaires variés, tels que le droit et l’histoire, mais aussi la
philosophie politique et l’anthropologie. L’objectif est d’offrir un regard
croisé, novateur et critique sur les réflexions de Luis de Molina en matière
d’esclavage africain, afin de mieux comprendre leur contenu et leur portée.
Cette journée
d’étude organisée par Anne-Charlotte
Martineau est rendue possible par le soutien de la Mission de recherche Droit
et Justice et du Centre de Théorie et d’Analyse du Droit (UMR7074).
Cette journée d’étude est
ouverte à tous.tes. Pour toute demande d’inscription à
la visioconférence, remplissez
ce formulaire
Programme :
11h
Anne-Charlotte
Martineau : « Propos introductifs »
11h30-13h
Martti Koskenniemi : « Scholastic ius gentium: The Persistent Power of a Middle
Concept »
Matthias
Kaufmann : « Molina
: l’esclavage entre la moralité, le droit et l’économie »
Jean-Louis Halpérin : « Droit,
justice et équité dans l’approche de Molina sur l’esclavage »
14h00-15h30
Luisa
Brunori : « Droit et économie dans l’œuvre de Luis de
Molina »
Arnaud Paturet : « L’idée
de dominium dans De iustitia et iure à la lumière des conceptions juridiques romaines
antiques »
Danaë Simmermacher : « Slaves as Owners »
16h00-17h30
António
de Almeida Mendes : « Le statut des esclaves africains et de
leurs descendants en Europe du Sud passé au filtre de la traite transatlantique
»
Carlos
Zeron : « Inventer
et inventorier la traite légitime »
José Luis Egío García :
«
Quelques éléments de continuité et de rupture avec la tradition salmantine et le derecho indiano »
17h30 Anne-Charlotte Martineau : « Conclusion »
Affiliations :
Anne-Charlotte Martineau est chargée de recherche au CNRS et rattachée au Centre de Théorie et
d’Analyse du Droit de l’université de Nanterre.
Martti Koskennniemi est professeur émérite de droit international
à l’université de
Helsinki. Matthias Kaufmann est professeur émérite d’éthique à
l’université de Halle-Wittenberg. Jean-Louis
Halpérin
est professeur d’histoire du droit à
l’École normale supérieure de Paris. Luisa
Brunori est chargée de recherche
au CNRS et rattachée au Centre d’Histoire Judiciaire de l’université de Lille. Arnaud Paturet est chargé de
recherche au CNRS et rattaché au Centre de Théorie et d’Analyse du Droit de
l’université de Nanterre. Danaë
Simmermacher est docteure en
philosophie et rattachée à l’université de Halle-Wittenberg. Carlos Alberto de M.R. Zeron est professeur d’histoire à
l’université de São Paulo. António
de Almeida Mendes est maître de conférences en histoire moderne à
l’université de Nantes. José Luis Egío García est docteur en philosophie et affilié
à l’Institut Max Planck de Francfort (Max Planck Institute for Legal History
and Legal Theory).