(image source: Presses Sorbonne Université)
Book abstract:
Pour défendre les intérêts de la France à l’étranger, la IIIe République peut compter sur un corps diplomatique en partie renouvelé après la républicanisation de ses cadres, et stimulé par l’ardeur patriotique des lendemains de la défaite de Sedan. Malgré les efforts consentis pour démocratiser son personnel, la République s’appuie encore sur les représentants des élites traditionnelles, proches des milieux diplomatiques européens et familiers des pratiques sociales et culturelles héritées de l’ancienne société de cour. Toutefois, l’ouverture à d’autres cercles, la moindre part de l’hérédité et de l’endogamie, l’introduction de procédures de sélection davantage conformes au modèle méritocratique et l’uniformisation des filières, diplomatique et consulaire, montrent un corps traversé par des évolutions similaires à celles de la haute administration de la fin du XIXe siècle. Les diplomates entretiennent des relations très étroites avec les autres groupes dirigeants, auxquelles concourent la diversification de leurs parcours et de leurs stratégies de carrière, l’élargissement de leurs réseaux et la modernisation de leurs allégeances politiques. Ralliés aux institutions nouvelles, ils se sont prêtés aux termes d’un compromis acceptable avec la République, qui repose sur des mécanismes d’intégration réciproque et sur un consensus quant aux objectifs de la politique extérieure. Soucieux de respecter les traditions, garantes de la cohésion et de l’esprit de corps, les diplomates de la Belle Époque n’en ont pas moins posé les jalons d’une diplomatie plus moderne, adaptant leurs pratiques professionnelles aux mutations de la vie internationale. Ils ont toutefois le sentiment d’assister au crépuscule de la diplomatie du Concert, à laquelle s’identifiait toute une conception de l’ordre européen et du système international avant 1914 et dont ils cultivent d’ores et déjà la nostalgie.On the author:
Isabelle Dasque est maître de conférences en histoire contemporaine, à la faculté des Lettres de Sorbonne Université et membre du Centre de recherches en histoire du XIXe siècle. Après une thèse intitulée À la recherche de Monsieur de Norpois : les diplomates de la République (1871-1914) dont cet ouvrage est issu, elle poursuit ses recherches sur l’histoire sociale et culturelle de la diplomatie aux XIXe et XXe siècles.(source: Presses Sorbonne Université)